Stage Terrain de Montagne 2018 - Chamonix

Cette année un stage dîplomant a été organisé par Hervé Bellissent.
Charles Burcez, Franck Ottwiller, Romain Marie et Edouard Gérard ont été reçu, bravo à eux !

Stage terrain de montagne organisé par Hervé Bellissent
Guide de haute-montagne : Daniel Traber
Co-encadrant : Philippe Larive
Texte : Charles Burcez
Photos réalisées par le groupe.

Détails des journées :

 J1 :

La première journée du stage, Hervé Bellissent a planifié le point de rendez-vous sur le parking des Gaillands, simple d’accès et facile à trouver. Les stagiaires ont été accueillis par Hervé Bellissent (Organisateur), Philippe Larive (initiateur) et Daniel Traber (Guide de Haute Montagne). Une fois le groupe au complet nous avons pu chacun nous présenter autour d’un café. Les encadrants ont alors demandé aux stagiaires comment nous souhaitions commencer le stage en exposant leur point de vue.

Le premier jour a principalement permis de revoir les techniques d’évolution sur rocher.

Nous avons opté d’un commun accord pour revoir les bases de la progression en terrain montagne. Nous avons donc commencé par réviser les différents types de cordes existantes : à simple, à double et jumelées. Un point important a été apporté sur l’utilisation des cordes à doubles et jumelées. La corde à double permettant de mousquetonner alternativement un brin puis l’autre permettant d’avoir une faible force de choc en cas de chute. La corde jumelée devant quant à elles être impérativement mousquetonner en faisant passer systématiquement les deux brins.

Il a été également revue les techniques de mousquetonnage et de pose des dégaines en se servant de spits en bas de voies pour éviter de faire sauter la corde lors des progressions ou de chute. Les encadrants nous ont proposé de faire des binômes et de mettre en application, sous leurs yeux avisés, ce dont on venait de discuter, en faisant une voie et plaçant 4 dégaines.

De manière très logique, Hervé et Daniel ont proposé de travailler la mise en place de relais. Nous avons donc revue dans un premier temps l’utilisation et la pose de coinceurs à câble (nuts) ou à came (friends) en utilisant les fissures présentent dans le rocher. Après quoi nous avons vu les points d’assurage et les relais fixes et mobiles via l’utilisation des coinceurs, de sangles, de cordes mais aussi par l’utilisation des pitons sur lesquels nous nous sommes attardés pour reconnaitre lesquels utiliser sur quel type de rocher (calcaire, granite, gneiss, etc.). Les pitons en acier doux étant utilisés pour le calcaire et acier dur davantage employé pour le granite). Les exercices proposés par Hervé, Philippe et Daniel ont été faits pour que chaque binôme puisse réaliser un relais. Chaque relais a été inspecté par les encadrants mais aussi par le groupe, permettant ainsi de pouvoir échanger sur les techniques utilisées et réaliser un échange d’expérience. Les relais devant être constitué d’aux moins deux d’amarrage de type pitons, anneaux, spits, maillon rapide, coinceurs.

Une fois ces exercices terminés nous avons également échangé sur les techniques d’auto-assurage sur becquets, pitons et coinceurs. Puis la matinée s’est terminée en travaillant les mouflages, notamment le mariner double ainsi que la remontée sur corde soit par l’utilisation d’autobloquant de type Machard soit par l’utilisation d’autobloquants mécaniques (micro traction, ropeman, Tibloc, etc.).

L’après-midi Hervé, Daniel et Philippe ont souhaité mettre en application certains points vus dans la matinée en faisant de la grande voie. Lors des différentes longueurs les techniques d’assurage direct, indirect et assurage dynamique lors de la progression ont pu être mise en place. La sortie des grandes voies se terminant nécessairement par deux longueurs de rappel.

Hervé nous a ensuite demandé de nous retrouver à l’OHM (Office de Haute Montagne) afin de pouvoir récupérer les topos que nous jugions avoir besoin pour les jours suivants où notre terrain de jeu allait être le glacier du Tour.

Nous avons terminé cette première journée en rejoignant le chalet alpin du Tour où Hervé avait réservé 2 dortoirs. Scinder le groupe en deux était réellement une bonne idée afin de déjà pouvoir échanger et apprendre à se connaitre pour les prochains jours.

J2 :

Le deuxième jour, nous nous sommes dirigés vers le refuge Albert 1er. Peu de temps avant d’arriver à ce dernier, Philippe a simulé un malaise. Daniel et Hervé ont pu évaluer la réaction du groupe lorsque ce type d’évènement survient lors de sortie alpine. Après avoir pris possession de notre dortoir, Hervé nous a proposé de parfaire nos techniques de progression sur neige et glace. Terrains que nous allions rencontrer systématiquement les trois jours suivants. Plutôt que ce soit les encadrants qui ouvrent la marche, Hervé a souhaité que ce soit les stagiaires qui passent devant et qui proposent des exercices d’évolution sur la neige. Des exercices de progression avec et sans corde ont été réalisés par piolet canne, notamment par le cramponnage à dix pointes, la taille de marches et comment réaliser un changement de direction. Les exercices se sont ensuite concentrés sur comment enrayer une chute avec et sans piolet et pour finir sans crampon. Pour des raisons de sécurité les exercices n’ont pas été faits avec les crampons mais appris à lever les jambes en cas de chute avec port des crampons. Daniel nous a ensuite montré le piolet ramasse.

Alors que nous terminions les exercices sous la vigilance de Philippe, Hervé et Daniel sont partis sur le glacier afin d’identifier des zones d’exercices sur glace et en crevasse. Cela nous a permis de mettre en pratique des relais par la confection de lunule et de broche à glace pour descendre en crevasse et remonter par piolet traction. Un parcours sur glace a aussi été mis en place pour pratiquer le piolet rampe et les techniques de cramponnage à dix pointes en traversée, en descente ainsi que celles des pointes avant.

De retour au refuge, nous avons étudié la carte au 25/000 pour préparer la course du lendemain et déterminer l’heure de départ. L’heure départ a été proposée par les stagiaires et validée par les encadrants. Suite à une proposition de Daniel, le groupe a opté pour l’Aiguille du Passon bien que n’ayant pas le topo-guide. Les cordées et les sacs ont été réalisés le soir même, répartissant le matériel entre les compagnons de cordée pour limiter le poids.

J3 :

L’itinéraire sur glacier a été ouvert par les stagiaires depuis le refuge Albert 1er pour rejoindre le Col du Passon par le versant nord. Évoluant sur terrain glaciaire, Hervé, Daniel et Philippe se sont greffés sur les cordées pour la traversée du glacier. Une fois arrivés, au pied du Col du Passon nous avons pu mettre directement en pratique les exercices de cramponnage vu la veille en faisant face à une pente de neige dure. Une fois au Col du Passon, les cordées ont enlevé les crampons et rangé les piolets pour entamer la course sur l’arête. Globalement, tout au long de cette course, le rocher rencontré était très délité et instable nécessitant de tester systématiquement les prises avant de les utiliser soit en tapant dessus avec la paume de la main soit en tirant légèrement dessus pour ne pas déchausser le rocher. De la même manière, les becquets étaient systématiquement testés. L’itinéraire n’étant pas équipé, nous avons dû poser des protections tout au long de notre progression et assurer notre second au relais par demi-cabestan. Savoir poser correctement les coinceurs et utiliser un décoinceur était primordial dans cette course longue, pour assurer la sécurité des cordées, mais également anticiper le matériel suffisant jusqu’à la sortie de l’arête. L’importance des deux premiers jours pris tout son sens dans le terrain pratiqué dénotant de la bonne organisation des journées du stage proposé par Hervé.

Du fait du terrain, seuls certains passages rares ont permis de réaliser un assurage en mouvement. Quelques passages aériens ont dû être franchis, plusieurs rappels ont été également nécessaires. Lorsque c’était le cas,  soit Daniel soit Hervé reprenaient la tête pour assurer le passage.

Étant donné que le rocher était de mauvaise qualité beaucoup de recherche d’itinéraire a été réalisée et l’importance de la communication entre membre d’une cordée et entre cordée a réellement pris tout son sens. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Hervé nous a repris plusieurs fois en nous demandant de parler entre nous. La fin de la course s’est faite par un rappel permettant le franchissement d’une rimaye pour ensuite rechausser les crampons, se ré-encorder, et traverser le glacier afin de rejoindre le refuge Albert 1er.

Cette première course ayant été plus longue que prévue et le groupe étant fatigué, l’organisation initiale a dû être revue. Hervé a donc décidé de réaliser une course courte sur la matinée du lendemain avec un après-midi de repos. Une course en direction de l’Aiguille du Génépi a été choisie.

J4 :

Le réveil pour cette seconde course a été décalé par rapport à la précédente. Nous avons changé la composition des cordées permettant de s’adapter à d’autres compagnons de cordée. Cette course était également une course de rocher mais de bien meilleure qualité, ce qui nous a permis de travailler l’assurage en mouvement par la mise en place de sangle ou par l’utilisation de la corde autour de becquets. Le terrain étant plus facile, nous avons pu nous exercer à assurer à l’épaule notre second. Arrivés au Col des Grands, Hervé a décidé de réaliser des exercices complémentaires de mise en place de corps mort et de passage de rimaye plutôt que de continuer la course étant donné que l’un de stagiaires présentait des signes de fatigue. La réalisation d’un corps mort était particulièrement intéressante puisque nous étions censés avoir seulement un piolet par cordée donc nous ne pouvions pas l’utiliser. Nous avons par conséquent utilisé soit des pierres trouvées sans arête vive qui pourrait trancher la sangle, soit utilisé un champignon de neige. Philippe a partagé avec nous une technique pour déterminer le diamètre du champignon à réaliser en fonction de la qualité de neige (dure à molle) en utilisant le piolet et la courbe décrite par notre poignet, notre avant-bras ou notre bras.

Après ces exercices nous sommes rentrés au refuge pour avoir notre après-midi de libre. Hervé et Philippe ont réuni en fin de journée l’ensemble du groupe. L’objectif était double. Philippe nous a présenté les responsabilités d’un encadrant envers un groupe ainsi que les notions légales associées à ces responsabilités. Éléments essentiels lorsque l’on souhaite devenir chef de course. Un autre aspect que Philippe tenait à évoquer portait sur les EPI, leur durée de vie et la nécessité de les suivre de manière stricte au sein des CAF, à travers une fiche de vie répertoriant : les dates d’achat (facturation obligatoire), les dates d’utilisation, de retour et tous les événements pouvant nuire à la sécurité de l’EPI. Ce point reste une composante importante pour les CAF afin d’assurer la sécurité des pratiquants mais aussi la responsabilité des encadrants, sans oublier celle du président du CAF qui doit s’assurer que le matériel mis à disposition est contrôlé et ne sert pas à des sorties personnelles. Hervé quant à lui souhaitait nous interroger sur les facteurs à prendre en considération lors de la préparation d’une sortie d’alpinisme, notamment en prenant en compte les facteurs humains (niveau techniques des participants, état physique, niveau d’expérience), les conditions météorologiques et de  montagne (prévisions météo, condition de la course envisagée en demandant au gardien de refuge ou en discutant avec les guides ou alpinistes au refuge) et enfin le terrain (topo, carte, identification des risque objectifs, itinéraires alternatifs possibles). Ces discussions étaient indispensables pour permettre d’organiser des sorties comme Hervé a pu le faire pour le stage.

Le soir, nous avons utilisé les topos récupérés le premier jour à l’OHM afin de définir notre dernière course. Notre choix s’est porté sur la face nord de Tête Blanche en passant par le Col du Tour. L’avantage du topo est clairement d’avoir une idée de la marche d’approche, du temps de course et du matériel à emporter.

J5 :

Pour ce 5ième jour, nous sommes partis à 4h de manière à pouvoir revenir au refuge avant 14h pour ensuite pouvoir redescendre au chalet car nous étions dépendants de l’horaire des remontées mécaniques. Ici encore les cordées ont été modifiées de manière à ce que chaque stagiaire ait pu être ensemble. La montée au Col du Tour s’est réalisée facilement puisque la pente était peu raide et les conditions matinales dues au regel étaient idéales. L’un des stagiaires présentait des signes de fatigue lors de la marche d’approche. Hervé a demandé au stagiaire s’il souhaitait redescendre au refuge avec lui car nous avions perdu 30 minutes sur notre estimation initiale. Néanmoins, le stagiaire à souhaiter poursuivre et Hervé a dû s’adapter et demander aux cordées de diminuer le rythme de progression.

Arrivés au Col du Tour, nous avons conservé les crampons pour le franchir en faisant attention car certaines pierres pouvaient glisser. Quelques becquets et coinceurs après nous étions sur le plateau du Trient pour attaquer la face nord de Tête Blanche. Nous avons franchi la rimaye en cherchant le meilleur passage, demandant le moins d’effort et offrant la meilleure sécurité. Daniel faisait partie de la première cordée ayant franchi la rimaye. Un relais a ainsi pu être mis en place en dégageant la neige en surface pour atteindre la glace et positionner deux broches, ce qui a permis à l’ensemble des cordées de franchir la rimaye sans trop de difficulté. Chaque cordée a ensuite évolué en corde tendue dans la face nord partiellement en glace dans une pente à 50° sur 120m environ. La sortie en haut de Tête Blanche s’est faite avec les crampons sur rocher en assurant les seconds sur demi-cabestan. Nous somme ensuite descendu au refuge avant de redescendre dans la vallée.

J6 :

Le 6ième jour a été organisé comme un jour de repos où Hervé nous a emmenés rencontrer les personnes du PGHM et du GMHM. Nous avons pu être confronté aux problématiques rencontrées par ces professionnels de la Haute Montagne et échanger avec eux sur les matériels utilisés et sur leur conditions de travail de tous les jours. Nous avons eu la chance de voir quelques courts métrages réalisés par le GMHM lors d’expédition. Grâce à Hervé et à travers cette journée nous avons pu avoir une vision globale de ce qu’est la Haute Montagne, magnifique et sublime et par moment tragique.

J7 :

Le dernier jour du stage Daniel et Hervé nous ont proposé de réaliser une matinée de rocher de quelques longueurs, en grosses, vers l’Index histoire de finir tranquillement le stage et de pouvoir libérer les stagiaires suffisamment tôt pour ceux qui avaient de la route. Avant de repartir, nous avons partagé un dernier verre. Les encadrants ont ensuite débriefé pour l’évaluation de chaque stagiaire avant de les convoquer individuellement. Chacun a pu savoir si il avait été reçu ou non à ce stage Terrain de Montagne.

Hervé, Philippe et Daniel partageant la même vision de la Montagne, l’organisation des journées a été particulièrement efficace permettant au groupe d’évoluer en toute sécurité et surtout d’avoir une ambiance exceptionnelle et chaleureuse. 

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